Michael Ballhaus : entretien

propos recueillis par Eric Gautier, Caroline Champetier, Willy Kurant Philippe Van Leeuw, AFC et Céline Bozon, AFC

AFC : Votre brillante carrière est double : il y en a eu une première en Europe, puis vous avez déménagé aux Etats-Unis...

Michael Ballhaus : J’ai commencé ma carrière en Allemagne, où j’ai eu la chance de travailler avec plusieurs très bons réalisateurs. Comme vous le savez, Fassbinder était un réalisateur aussi passionnant que difficile, parce qu’il n’était pas très sympathique. Il jouait avec les gens, les traitait mal. Il ne prononçait jamais le moindre compliment. J’ai entendu plus tard qu’il avait dit du bien de moi, mais il ne me l’avait jamais exprimé directement. Quand on travaillait avec lui il fallait rester sur le qui-vive. On ne se détendait jamais, on était toujours sous pression. Comme nous n’avions que peu d’argent et de temps, il me forçait à être rapide, et quand vous décidez d’être rapide, il faut être bien préparé. Je l’ai toujours été : j’avais fait presque quarante films avant de travailler avec Fassbinder, j’avais donc déjà de l’expérience, et j’avais l’habitude d’avoir des images en tête dès la lecture du scénario, pour avoir une idée de ce à quoi ça pourrait avoir l’air. En lisant je prenais toujours des notes sur la façon de faire. Je n’étais donc pas totalement impréparé, ou, si on veut, “innocent”. Mais il faut savoir renoncer à ses idées s’il s’en présente de meilleures : au début j’étais parfois un peu déçu que le réalisateur n’aime pas mes idées, mais j’ai appris à être souple et c’est normal, ce n’est pas toujours moi qui ai les meilleures idées, alors j’écoute les autres et j’apprends. La souplesse, comme vous le savez, est ce qu’il y a de plus important dans ce métier, parce que l’on côtoie tant de caractères différents ! Chaque réalisateur est différent : certains ont de très bonnes idées, d’autres moins... Fassbinder était sans doute le plus dur, il nous faisait subir cette pression, cette sorte de tension et de terreur,mais une fois qu’on a connu ça, plus personne ne peut vous faire de mal !

En Allemagne, j’en suis arrivé à constater, à certain moment, qu’à chaque fois qu’on avait une bonne idée et qu’on en parlait au producteur : « Je voudrais bien avoir un Steadicam ou une grue... », il répondait : « Ça ne rentre pas dans le budget ». On entend ça tant de fois qu’on finit par être à court d’idées, parce qu’on sait que de toute façon on n’arrivera pas à les appliquer. Je me souviens de la première fois que j’ai tourné un film américain, c’était Baby It’s You, j’ai demandé un Steadicam, j’ai demandé une grue, ils ont répondu « Oui, oui, parfait ». Mon premier opérateur de Steadicam, sur ce film, a été son inventeur, Garrett Brown. C’était super de travailler avec ce type : il était assis sur la grue, puis il s’en levait, il se mettait à danser, dans le même plan. Il aurait été impossible de faire ça en Allemagne, parce qu’il n’y avait pas d’argent. Ça m’a ouvert des perspectives. J’ai aussi appris que les réalisateurs américains ne sont pas si différents, leurs sentiments et leur approche des choses, ne sont pas si différents que ceux des réalisateurs allemands. Ils sont juste un peu plus sympathiques. Mais les Américains sont en général des gens plus sympathiques, ils sont ouverts d’esprit. Quand j’ai travaillé avec John Sayles, il n’avait fait que trois films dans une style documentaire, et Baby It’s You était son premier gros film avec des comédiens. Il me laissait de la liberté, il me demandait comment moi j’aurais fait, du coup son film a été différent des autres.


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